Quand la fabrique médiatique mondiale s’emballe…


2020 est d’ores et déjà consacrée comme nouvelle annus horribilis et restera incontestablement dans l’histoire de l’humanité comme celle du déclenchement de la pandémie du SARS-COV2. 

Un événement dramatique qui s’est abattu quasi simultanément sur tous les systèmes d’information du monde, et dont le sur-traitement médiatique a souvent donné l’impression d’une suspension de toutes les autres « actualités ». 

Mais les soulèvements populaires en Biélorussie, à Hong-Kong et en Thaïlande, les événements au Liban, le mouvement Black Lives Matter, le Brexit, les protestations pour le droit à l’avortement en Pologne, les incendies-monstre en Australie, le renforcement de l’activisme écologique, et bien sûr les élections présidentielles américaines, ont notamment fait voler en éclat ces états de sidération et investi la scène médiatique mondiale…
En France, 2020 fut aussi l’année « post gilets jaunes », celle des manifestations contre la réforme des retraites ou de la loi Sécurité Globale, celle de nouvelles formes d’expressions féministes à la suite du mouvement #Metoo.

L’exposition « 2020, Folle année graphique » procède de l’exercice convenu de la rétrospective en se concentrant sur le champ du graphisme.
Elle proposera un panorama conscient de son caractère hétéroclite, au périmètre élargi à de multiples formes : classiques (affiches, fresques, pictogrammes, messages typographiés) ou nouvelles (animations, pastilles formatées par les réseaux…) et ce, sans volonté de les hiérarchiser.

Elle cherchera à expliciter le contexte de ces « énoncés visuels », les problématiques nationales comme les résonances universelles, la référence à des langages visuels, l’utilisation de figures rhétoriques convenues ou originales.

La crise du COVID a engendré une hyper production de messages sanitaires et de prévention. Ainsi, pourra-t-on identifier dans cette communication visuelle pléthorique et mondiale des formes anciennes, nouvelles, globales ou spécifiques d’un graphisme d’utilité publique ?

Et lorsqu’il s’agit de soutenir une cause, et que la commande se déplace sur le champ idéologique, on interrogera des graphistes de multiples horizons sur ce que produit leur adhésion à ce qu’il énoncent / dénoncent, ce qui a motivé leur engagement, comment ils investissent leurs responsabilités sociale et ou politique, en se souvenant que 2020 a aussi été l’année du cinquantième anniversaire de la création du collectif Grapus. 

Comment est investie la notion de graphisme engagé à l’heure de la globalisation numérique et des réseaux sociaux ?
Peut-on anticiper, comprendre l’emballement médiatique qu’ont parfois suscité certaines images ? Trouvera-t-on des logiques, des récurrences des mécanismes dans la réception et l’appropriation massive d’une image qui devient alors culte, icône, « mème » ?

« 2020, une folle année graphique » ? sans doute si l’on admet que le déferlement de la crise COVID a généré une sorte d’archétype médiatique, un emballement doublement viral emmené par des réseaux sociaux omniprésents, et probablement une nouvelle étape dans la mondialisation de la fabrique des images, impactant l’ensemble des sujets et des formes …